Mai 1940 : la manœuvre de la Dyle

Revivez les batailles françaises, de Jandrain à Chastre

Cette semaine, je vous emmène découvrir non pas un musée, mais deux ! Ces deux musées nous racontent les débuts de l’invasion allemande en Belgique, en mai 1940.

Ma visite commence par le Musée de Corps de Cavalerie français, à Jandrain où s’est déroulée la toute première bataille de chars de la Seconde Guerre mondiale. Mon pèlerinage me mènera ensuite jusqu’à Chastre, au Musée de la 1ère Armée française, à proximité du site de la Bataille de Gembloux

Le plan Dyle et la première bataille de chars

A Jandrain, le Musée de Corps de Cavalerie français est unique : il est le seul en Belgique à exposer ces événements. En effet, c’est là, entre Jodoigne et Hannut, que s’est déroulée la toute première bataille de chars de la Seconde Guerre mondiale.

Lorsque le 10 mai 1940, les armées allemandes envahissent la Belgique, la France et l’Angleterre, garantes depuis 1937 de la neutralité belge, répondent immédiatement à l’appel à l’aide.

La 1ère Armée française, composée de pas moins de 100.000 hommes, se déploie alors entre Wavre et Namur, en prenant appui derrière la Dyle et le chemin de fer. C’est ce qu’on appelle la manœuvre de la Dyle. Comme on peut l’observer, la stratégie française est défensive !

Le Corps de Cavalerie français

Un corps de cavalerie ? Des chevaux ? Non, il s’agissait bien de divisions mécaniques légères : plutôt innovantes pour l’époque, ces divisions étaient entièrement motorisées !

Mais revenons en mai 1940 si vous le voulez bien.

Le Corps de Cavalerie du Général Prioux prend les devants afin de freiner les Allemands pour que la 1ère Armée puisse se positionner. Pour exécuter cette mission, le Général doit avancer ses troupes dans la région de Tirlemont – Hannut – Huy et donc du côté de Jandrain également. Les 2e et 3e DLM (Divisions Légères Mécaniques) livreront là, les premiers duels chars contre le 16e corps blindé du Général Hoepner. Les combats cesseront le 14 mai.

Un musée rempli de trésors

Le musée se compose de 4 salles d’exposition, qui renferment de nombreux objets. Beaucoup de pièces ont été données par les anciens combattants eux-mêmes ou par leurs familles. Certaines pièces, comme le canon de char, viennent du Musée de l’Armée belge. Et puisqu’il s’agit d’un musée français, la France a également fait don de quelques objets uniques.

J’ai notamment beaucoup observé les cartes Michelin utilisées par les commandants pour y tracer tous les mouvements de troupes. Grâce à ces cartes, Richard, le conservateur du musée, a pu vraiment m’expliquer en détail les événements de 1940. Avec leurs annotations, on peut vraiment les suivre pas à pas ! J’ai beaucoup apprécié cette partie de la visite.

La Bataille de Gembloux

Suite aux combats retardateurs menées du 12 au 14 mai à Jandrain par le Corps de Cavalerie, la 1ère Armée française s’appuie sur le chemin de fer, qui forme une barrière anti-char presque continue, pour défendre la ligne de front Wavre-Gembloux-Namur.

Les 14 et 15 mai, les Allemands vont tenter de percer les défenses françaises, mais c’est la Division Marocaine qui tient le coup. Leur mission : « tenir sans esprit de recul ! ». Mission réussie ! La bataille de Gembloux est considérée comme la première victoire tactique contre les Allemands.

C’est donc cette bataille que nous présente le Musée de la 1ère Armée française.

La division marocaine

Mais que faisaient donc des soldats marocains à Gembloux ? Vous aussi, vous vous posez la question ?

Les ordres du Général Blanchard étaient clairs : il fallait tenir sans esprit de recul. Et pour ce faire, il fallait tout simplement les meilleurs hommes ! Les soldats marocains étaient de vrais professionnels, ayant une carrière de 10 à 20 ans dans l’armée. Dans la tradition berbère, les origines guerrières étaient bien connues : les soldats étaient tirailleurs de père en fils. Et ce choix stratégique a payé puisque cette bataille a été remportée.

Aujourd’hui, on peut encore leur rendre hommage à la nécropole. Vous pourrez y voir les tombes des soldats marocains et français tombés au combat.

Les Français et … les Allemands

Au Musée de Chastre, installé dans une ancienne école, vous retrouverez 2 salles : l’une dédiée aux Français, et l’autre dédiée aux Allemands et à leur propagande.

On y retrouve par exemple une combinaison allemande anti-gaz complète. Celle-ci est très bien conservée, car elle n’a jamais été utilisée.

On retrouve également, comme au musée de Jandrain, les fameuses jerricanes. J’ai d’ailleurs une anecdote assez incroyable. Saviez-vous qu’il s’agissait d’une innovation allemande ? A Jandrain, lors de la bataille de chars, les avions larguaient ces jerricanes pour permettre le réapprovisionnement des véhicules. Vous imaginez ?

Grâce à tous ces éléments et aux explications des guides qui m’ont accueillie, on peut mieux comprendre les visions stratégiques totalement opposées des deux camps : d’un côté les Allemands offensifs qui « foncent » coûte que coûte, et de l’autre côté, les Français dont la stratégie est exclusivement défensive.

L’Histoire racontée par des passionnés

La mémoire de ces événements est préservée grâce à ces bénévoles, qui prennent grand soin de transmettre leur savoir aux jeunes générations. J’ai eu la chance de rencontrer ces deux guides et conservateurs, que je souhaite mettre à l’honneur. A gauche, Richard, conservateur du musée du Corps de Cavalerie français, et à droite, Paul, conservateur du Musée de la 1ère Armée française de Cortil-Noirmont.

Tous deux sont de véritables mines d’informations ! Ils connaissent leur matière sur le bout des doigts et vous expliquent avec passion les grands faits marquants, mais aussi les histoires plus anecdotiques. Je ne peux que vous recommander de leur rendre visite !
Bon plan : combinez la visite de ces deux musées pour suivre la chronologie des événements de mai 1940.

Sortez de chez vous !

Infos pratiques

Musée du Corps de Cavalerie français mai 1940

Chaussée de Wavre 61B à Jandrain 
+32 475 87 70 15 - richard.dehennin@gmail.com

Visite sur rendez-vous

Tarif : 2€

Musée de la 1ère Armée française

Rue Tansoul 5 à Cortil-Noirmont
+32 486 60 69 35

Ouvert du 15 mai au 30 septembre
les dimanches et jours fériés de 14h à 18h 
Sur rendez-vous pour les groupes
de 30 personnes max au prix de 30€

Tarif : 3€